Dans le cadre de la préparation de la présidence française de l’Union européenne, et de possibles initiatives dans le domaine du numérique au niveau de la relation Europe-Afrique, le ministre congolais des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication séjourne depuis le dimanche 12 septembre à Paris en France pour des discussions avec les officiels français. Ce lundi 13 septembre, Augustin Kibassa Maliba va avoir une réunion avec le secrétaire d’État chargé de la transition numérique, Cédric O., Franck Paris conseiller pour l’Afrique du président de la République et de représentants de l’agence française de développement.
Quels sont les objectifs communs ?
Alors que le marché africain du numérique est en plein essor, et que la relance économique mondiale post-crise sera digitale, la tenue du prochain Sommet UE-UA, placée sous le signe du renouveau de la relation euro-africaine pour la prochaine décennie, pourrait offrir l’opportunité d’un partenariat euro-africain pour un « espace partagé de prospérité numérique ».
Les enjeux sont vastes (financement des infrastructures, réduction de la fracture numérique, formation des talents, financement de l’écosystème d’innovation, souveraineté numérique, etc.). La première étape en vue du Sommet UE-UA consisterait donc à identifier les éléments de convergence politique pour définir une forte ambition euro-africaine en matière de numérique, sur la base des attentes des gouvernements et des populations africaines.
Il sera question de consolider les Coopérations entre les Pays membres de l’union européenne en tant que communautés, celles des états membres de l’union Européenne de manière individuelle, et les pays membres de l’union africaine qui jadis étaient axées sur les secteurs de l’agriculture, la sante, énergie etc. Aujourd’hui devrait être réorientées vers le développement du numérique qui s’avère transversale par rapport à tous les autres secteurs.
Quelle offre européenne ?
Ce nouveau partenariat euro-africain devra également être structuré en fonction de ce que l’UE peut apporter à ses partenaires africains, en termes de financements – alors qu’elle lance de nouveaux instruments (NDICI, FEDD+) – mais aussi une offre consolidée dans les domaines où elle dispose d’une forte plus-value, en particulier pour garantir que les infrastructures numériques de demain soient à la main des acteurs publics et privés africains et qu’elles contribuent à une intégration économique plus poussée et inclusive du continent.
De manière non-exclusive, le périmètre de ce partenariat pourrait porter sur les grands thèmes suivants :
- Accélérer le développement de projets d’infrastructures numériques « bancables » et de haute qualité – Soutenir, via de l’aide technique et financière, l’élaboration des projets de grande dimension, répondant aux standards de qualité les plus élevés, y compris en vue de mobiliser plus efficacement les investisseurs publics et privés ;
« Pour ce point nous avons déjà entrepris avec l’agence francaise de développement pour le financement de l’élaboration du plan directeur des infrastructures qui normalement devrait faire intervenir une expertise française qui devrait travailler avec notre gouvernement », précise-t-on du côté du ministre Kibassa Maliba.
Il est à noter que la mise en œuvre de ce plan directeur devrait engendrer des partenariats en (PPP, BOT, Joint-ventures) selon le business model entre le gouvernement congolais ainsi que les entreprises d’Expertises françaises pour Exécution.
- Accroître les financements pour de grands projets d’infrastructures numériques – Mobiliser davantage de financements y compris avec l’appui de la Banque européenne d’investissement (BEI) et du secteur privé, et raccourcir le cycle temporel d’exécution des projets d’infrastructures, en phase avec les attentes des populations et du secteur économique ;
D’une part, le gouvernement congolais a pris la décision d’accorder des facilités et allègement fiscaux aux partenaires locaux et étrangers voulant investir dans les infrastructures numériques sous différents partenariats.
D’autre part, « nous aimerions faire une approche stratégique en proposant que ce cette alliance naisse des projets pilotes qui, une fois exécutés, nous donneront des indications et orientations sures en termes des capitaux à accroitre. La RDC aujourd’hui se propose d’être un pilote pour les projets de développement du secteur d’infrastructures numériques issues de notre coopération ».
- Soutenir l’écosystème de l’innovation numérique et les talents africains – Développer des outils financiers pour soutenir les petits entrepreneurs et les start-ups africaines, dont l’inclusion économique est essentielle pour la numérisation du continent ; Développer des offres de formation pour les jeunes talents africains et le développement de compétences numériques spécifiques, y compris au sein des institutions (techniciens, chercheurs, codeurs…) ;
Élaboration sur le financement du CDI (Congo Digital Innovation) qui consiste à financer des hubs technologiques dans les différents bureaux de postes et leur soumettre des thématiques pour le développement des solutions aux problèmes du gouvernement sous forme des thématiques.
- Sécuriser les investissements dans les infrastructures numériques – Mettre à profit du financement des infrastructures numériques et des start-up africaines les outils de derisking européens (garanties, mixage prêts-dons) et engager un dialogue avec les gouvernements africains et les organisations régionales sur la sécurisation de l’environnement réglementaire et le renforcement des institutions de type agences du numérique ou agences de la concurrence pour faciliter les investissements du secteur privé (y compris en lien avec la mise en œuvre de la ZLECAf) ;
- Engager un dialogue euro-africain sur le thème crucial de la maîtrise des infrastructures et la souveraineté numérique – Structurer un dialogue euro-africain de haut-niveau sur les enjeux essentiels de la protection des données, de la cyber-sécurité, de la régulation des plateformes ou encore des règles d’accès aux marchés numérique, sur lesquels l’UE est leader mondial. De manière pragmatique, ces règles fondent la confiance du citoyen, du consommateur et des investisseurs, sans laquelle le numérique ne peut délivrer tout son potentiel économique à moyen-terme ;
- Cibler les enjeux à fort impact pour les populations, avec des projets emblématiques (santé, éducation, e-administration, couverture des zones enclavées, identité biométrique) – Engager un soutien renforcé par les financements publics dans les secteurs où les projets ne sont pas rentables pour les acteurs privés, ou renvoient à des politiques publiques qui sont au cœur des compétences de l’Etat. Suivant une logique d’impact et de visibilité, l’UE et l’UA pourraient identifier des projets-phares mettant le numérique au service d’un développement rapide des services sociaux de base au service des populations, et d’un « contrat social numérique ».
Pour sa part, la RDC par sa position géostratégique au centre de l’Afrique, est un carrefour naturel des échanges entre le Nord et le Sud de l’Afrique ainsi que l’Est et l’Ouest. Du fait de cette position, elle devrait être l’un des plus grands transitaires des télécommunications et des données numériques du monde, pouvant relier la méditerranée et le Cap de bonne espérance, l’océan Atlantique et l’océan Indien. Par manque d’infrastructures, la RDC ne sait jouer ce role de grande envergure et s’avère aujourd’hui victime de la fracture numérique.
Il sied de noter que les ministres en charge de l’économie numérique du Togo et Bénin vont également prendre part à cette réunion.
Augustin Kibassa Maliba est déterminé à matérialiser la vision du Chef de l’État Félix Tshisekedi ; celle de faire du numérique un levier du développement, de croissance économique et du progrès social.
A Paris, le ministre congolais des PTNTIC est accompagné de Paterne Binene-a-Kadiat et Blaise Azetemina respectivement conseiller technique et conseiller en charge du contenu numérique.
Cellule de presse